PADV lance le projet Covalo dans les Hauts-de-France
160 agriculteurs des Hauts-de-France devraient bénéficier en 2026 de l’accompagnement technique et financier (primes filières, paiements pour services environnementaux, offre bancaire) des partenaires publics et privés du projet Covalo, dont les coopératives Unéal et Cérèsia.
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L’association Pour une agriculture du vivant (PADV) a lancé à grande échelle, jeudi 27 novembre, son projet Covalo dans les Hauts-de-France. Cette initiative, soutenue en partie par l’État via France 2030, consiste à déployer la transition écologique dans les territoires grâce à des coalitions public-privé.
La première coalition territoriale a été lancée en 2024 dans les Hauts-de-France avec une quinzaine d’acteurs : coopératives (Unéal, Cérèsia, Tereos), des industriels (Groupe Bonduelle, McCain, Pom’Alliance, Vico, Brioche Pasquier, Roquette, LVMH recherche et Ryssen Alcools), un distributeur (Coopérative U) et des financiers (Crédit Agricole Nord-de-France et Agence de l’eau Artois Picardie).
Objectif : 1 700 producteurs en 2028
Cette coalition pilote du projet national permet un « accompagnement technique et financier collectif [des agriculteurs], fondé sur la coordination des acteurs, le partage des investissements et la mutualisation des moyens », décrit PADV. Le projet des Hauts-de-France concerne les céréales (blé, maïs grain, orge), les betteraves sucrières, les pommes de terre et les légumes. « Les synergies végétal-animal restent à construire », souligne Anne Trombini, directrice générale de l’association.
Pourquoi commencer par les Hauts-de-France ? Parce que la région a accueilli dès 2020 le premier programme de PADV (intitulé « Cultures d’industrie sur sols vivants »). Elle bénéficie aussi de la mise en place en 2024 d’un paiement pour services environnementaux (PSE) régénératif coconstruit par PADV et l’Agence de l’eau Artois Picardie.
À partir de 2026, environ 160 agriculteurs des Hauts-de-France, en cours de « recrutement », devraient bénéficier d’un accompagnement technique « sur mesure, adapté à leurs besoins et au contexte local ». L’objectif est d’atteindre progressivement 1 700 producteurs d’ici 2028.
L’indice de régénération comme outil commun
Le projet Covalo se base sur un outil commun, l’indice de régénération, qui permet de mesurer les pratiques des agriculteurs sur l’ensemble de la rotation et de mettre en place un plan de progrès sur trois ans. Le « technicien agroécologie » choisi par l’agriculteur (cela peut être un conseiller de coopérative, de chambre d’agriculture ou autre), en coordination avec les autres conseillers cultures, l’accompagne dans la conception et le suivi du plan de progrès.
« Chaque agriculteur recevra un cofinancement de 1 295 € HT la première année pour couvrir le coût du diagnostic initial, puis de 628 € HT par an pendant trois ans pour financer l’accompagnement technique », indique Anne Trombini.
Une prime de 100 €/ha
La coalition territoriale Covalo Hauts-de-France prévoit une prime agroécologique d’un montant minimum garanti de 100 €/ha contractualisé, accessible dès l’atteinte d’un score de l’IR supérieur à 40. Le producteur doit avoir un minimum de deux cultures sous contrats agroécologiques. La prime est versée par les acteurs privés pour couvrir le surcoût des pratiques. « Cette prime vise l’atteinte d’un objectif de durabilité commun à la coalition de + 10 points d’IR (moyenne sur l’ensemble des agriculteurs) et d’un objectif de réduction des émissions de carbone déterminé fin 2026 et basé sur les études menées sur le territoire », ajoute PADV.
L’exploitant ne doit pas valoriser les résultats carbone des surfaces Covalo dans un autre projet de compensation carbone. Mais il a deux options supplémentaires : il peut bénéficier d’un paiement pour services environnementaux avec, par exemple, le PSE régénératif financé par l’Agence de l’eau ou d’une offre bancaire « Transition + » portée par le Crédit Agricole Nord-de-France. Cette dernière valorise une offre bancaire qui convertit les performances agroécologiques en avantages économiques et financiers (taux réduits, tarif préférentiel pour l’assurance récolte…).
Former les équipes
De leur côté, les acteurs filières doivent être adhérents à PADV pour former leurs équipes en continu sur l’agroécologie (achats, commerciaux, RSE, TC…). « C’est un projet ambitieux mais nous faisons le pari », confie Philippe Touchais, directeur innovation et filières chez Unéal, reconnaissant que l’enjeu est de « trouver des débouchés ».
Et de poursuivre : « Cela change notre manière de faire en termes d’accompagnement technique, à la rotation et personnalisé. Nous sommes des collecteurs de céréales, mais aussi des acteurs de la rotation. Nous devons nous caler avec nos collègues pour faire en sorte d’avoir des produits qui retrouvent de la valeur dans les usines, dans les chaînes de production, jusqu’aux consommateurs. Nous investissons 28 millions d’euros chaque année dans nos 140 silos, nous avons donc besoin de nous engager sur des visions à long terme et le projet Covalo peut y contribuer. »
Quatre autres coalitions territoriales ont été formées : Normandie Centre (NatUp est l’un des partenaires), Ouest (Terrena), Vendée Deux-Sèvres (Cavac) et Sud-Ouest (Val de Gascogne). Leurs travaux sont moins avancés, mais les coalitions devraient être lancées de façon opérationnelle l’été prochain.
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